
Lorsque j’ai entamé le #ChallengeLecture2018 des Editions J’ai Lu, la catégorie du livre situé dans un pays qui vous fascine était celle que j’attendais avec le plus de gourmandise. Si initialement j’avais prévu de sortir le roman de Jean-Marie Gourio – Un café sur la lune – de la pile dans laquelle il trône depuis une grave crise de tsundoku, c’est finalement vers l’Asie que je me suis envolé.
En effet, depuis tout gamin, j’ai développé une sorte de fascination platonique pour le Vietnam. Parmi les nombreux cousins et cousines qui peuplent ma famille, il y avait cette magnifique asiatique, d’un an ma cadette, adoptée par un de mes oncles et sa femme. Aller savoir pourquoi, j’ai longtemps pensé qu’elle était Vietnamienne jusqu’au jour où ma mère me révéla que finalement, elle était originaire du Laos. Trop tard, le mal était fait. Pourtant cette fascination pour le Vietnam ne s’était jamais transformée en curiosité. Cette irrésistible séduction pour le Dragon de l’Asie était celle d’une carte postale et je n’avais à vrai dire jamais cherché à en effleurer le mystère. Très concrètement, du Vietnam, je ne connais absolument rien… un peu à l’image de cette cousine pour laquelle j’ai une affection toute particulière alors que nous ne nous sommes pas vus depuis une trentaine d’année. J’avais simplement le sentiment, visiblement erroné, que ce petit bout de terre bordant la Mer de Chine faisait partie intégrante de mon histoire… Une histoire que je me promettais, un jour, de découvrir, tout en le laissant prendre la poussière sur la pile des sujets de curiosité à explorer.
Le #ChallengeLecture2018 m’en donnait donc l’occasion avec, cependant, une crainte : la déception. Prenant donc mon courage à deux mains, j’explorais le catalogue de la bibliothèque municipale à la recherche d’un livre se situant au Vietnam mais évitant de traiter des différentes guerres qui ont, durablement, marqué le pays. C’est ainsi que je suis tombé sur La petite marchande de souvenirs de François Lelord, édité en 2013.
Julien est un jeune médecin de l’ambassade de France, fraîchement débarqué à Hanoï, dont on suit les pérégrinations professionnelles et sentimentales. En effet, alors qu’une étrange épidémie se déclare et compte parmi les victimes une ressortissante française, Julien retrouve Clea, une ex petite amie dont il n’a jamais su donner la réciproque aux sentiments qu’elle éprouvait pour lui. Peu d’espoir cependant de voir Clea trouver finalement le bonheur auprès du jeune médecin fasciné par Lumière d’automne, la fameuse petite marchande de souvenirs.
Ce n’est cependant pas le résumé qui a forcé la décision dans le choix de ce roman, mais la première ligne de la biographie de l’auteur figurant en quatrième de couverture : « François Lelord a vécu plusieurs années au Vietnam, où il a travaillé comme médecin. »
Ainsi, le triangle amoureux s’étalant sur 382 pages me semblerait plus agréable sous les mots d’un homme ayant lui-même flâné sur les rives du lac de l’épée restituée. Et pourtant, ce n’est pas avec beaucoup d’entrain que j’ai entamé la lecture de ce roman que j’avais placé tout en bas de ma liste estivale.
A tort. Loin d’être cul-cul comme je pouvais m’y attendre, l’intrigue amoureuse qui se tisse au fil des pages s’est avérée finalement très agréable. Il n’y a pas de faux suspens sur l’identité de celle pour qui le cœur de Julien bat vraiment : le jeune médecin est sous le charme de Lumière d’Automne et l’auteur se concentre sur la manière dont, peu à peu, cette évidence finit par faire sens. Je dois d’ailleurs confesser m’être assez bien identifié au personnage principal qui s’interroge davantage sur l’absence de sentiments envers Clea qu’il ne se questionne sur ceux qu’il éprouve pour Lumière d’automne. Il n’y a guère de romantisme ou d’héroïsme, simplement des sentiments qui ne se discutent pas. L’évidence.
Sans dominer le roman, l’intrigue amoureuse s’ajuste de façon harmonieuse avec l’énigme médicale et le tableau subtile que dresse François Lelord du Vietnam, sans jamais véritablement en déflorer les mystères. Loin de combler ma curiosité, La petite marchande de souvenirs la conforte, la stimule. Au lieu d’étaler les clichés sur le Vietnam, François Lelord se contente de nous en distiller l’essence même. Finalement, on en oublierait presque que l’intrigue s’y déroule même si le Vietnam y est présent à chaque page. En cela, La petite marchande de souvenirs est allée au-delà de mes attentes en ne les satisfaisant pas, en m’ouvrant les portes d’une histoire qui n’est pas encore la mienne sur un constat accablant : même si je n’en ressors pas plus riche, je n’ai clairement pas perdu mon temps. Ce roman est un mélange subtil, une invitation au voyage : « Là, tout n’est qu’ordre et beauté, luxe, calme et volupté. »
Contribution au Challenge Lecture 2018 des éditions J’ai Lu :
- Un livre situé dans un pays qui vous fascine